Mondialisation vs traditionalisme : la France décidée à choisir

Mondialisation vs traditionalisme : la France décidée à choisir

L’innovation des nouvelles technologies qui ont profondément modifié nos modes de vie et l’érosion des normes, valeurs et pratiques centenaires ou millénaires sont les principaux facteurs de la lutte entre laïcité mondiale et radicalisation culturelle.

Les élections présidentielles en cours en France sont inévitablement affectées par la situation intérieure du pays et aussi par la tournure internationale. Il n’y a pas eu de surprise dans les résultats du premier tour qui a opposé les finalistes du concours 2017 : le président Emmanuel Macron et Marine Le Pen, leader du Rassemblement national. Ils représentent les deux principales tendances politiques de l’environnement socio-économique mondial : Macron exprime généralement la Doxa « mondialiste » libérale au pouvoir dirigée par des financiers, des entreprises et des décideurs politiques américains et européens et promue par la Commission européenne, la Banque mondiale, le FMI et Économie de Davos. Forum et G-7, tandis que Le Pen rassemble de nombreux nationalistes et traditionalistes de l’ancienne droite et gauche qui se méfient et rejettent les élites internationales à l’origine des programmes de gestion de la planète selon un agenda technocratique essentiellement inspiré des pratiques américaines et visant à perpétuer les anglo-saxons et les direction eurocratique.
Cette dialectique se retrouve dans de nombreuses régions du monde et reflète de moins en moins le clivage gauche-droite classique qui a caractérisé les luttes sociales des deux derniers siècles. Le déracinement des nouvelles technologies qui ont profondément modifié nos modes de vie et l’érosion des normes, valeurs et pratiques centenaires ou millénaires sont les principaux facteurs de la lutte entre la laïcité mondiale et la radicalisation civilisationnelle qui, malgré de nombreuses nuances locales, peuvent être découvertes au cœur des luttes culturelles et politiques vécues par des pays aussi divers que la France, l’Inde, les États-Unis, la Russie, l’Arabie Saoudite, l’Iran ou encore la Chine. En France, Macron peut compter sur environ un quart de l’électorat national, majoritairement composé de professionnels salariés de la classe moyenne supérieure urbaine et d’hommes d’affaires de la « nouvelle économie ». L’Assemblée nationale bénéficie d’une circonscription de taille égale parmi les ruraux, les artisans, les petits entrepreneurs, les retraités et, en général, les citoyens qui ressentent ou craignent la mondialisation accélérée, l’immigration massive d’origine non européenne (principalement des musulmans africains) et la numérisation de l’économie. avec l’effet des traumatismes combinés sur les mentalités et les modes de vie. La plupart de ceux qui ont voté pour des candidats défaits exprimant de tels messages rejoindront les partisans de Marine Le Pen, qui porte une tradition familiale vieille d’un demi-siècle remontant aux mouvements conservateurs paysans et petits commerçants du début du XXe siècle. Inutile d’entrer dans les détails pour constater les similitudes avec le paysage politique indien et ses choix.
Sans oublier le quart des citoyens qui n’ont pas voté et qui risquent de continuer à s’abstenir par indifférence ou parce qu’ils rejettent le système, les « grands vieux partis » qui ont été les piliers de la République française : les socialistes, les communistes et le Centre proprement dit « Républicains et Gaullistes » a été détruit. Leur manque d’attractivité est également dû à leurs candidats peu charismatiques au poste le plus élevé. Aucun d’entre eux n’a obtenu même 5% des suffrages exprimés, et par conséquent, ils ne seront pas indemnisés par l’État pour leurs dépenses de campagne, bien qu’ils contrôlent la majorité des postes électoraux aux niveaux du district, provincial et municipal et aient une représentation significative au Parlement. Certains risquent la faillite. L’écologiste est également passé sous la barre des 5 %. Le parti d’extrême gauche « Insoumis » (rebelle) dirigé par un ancien ministre socialiste et le fougueux orateur septuagénaire Jean-Luc Mélenchon est le seul à avoir de l’influence avec plus de 20% des suffrages, notamment chez les jeunes et les Jeune. musulmans, mais il partage avec la « droite » nationaliste plus que quelques idées concernant le secteur financier et la politique étrangère, qu’ils souhaitent également rendre impartiales en s’éloignant de l’OTAN et en ne s’alliant pas contre la Russie. C’est une autre affaire que les deux s’opposent farouchement sur des questions de culture, d’attitude envers la religion, d’immigration et de gestion économique. On peut noter que les politiciens qui ont exprimé une opposition farouche à Poutine, à la Russie et un soutien total à l’Ukraine n’ont pas bien fait, tandis que Macron est resté vague sur la question.
Mélenchon est passé de l’aile gauche de l’ancien Parti socialiste à une version du populisme internationaliste empruntée aux mouvements « Antifa » multiculturels et antiracistes. Il professe l’universalité utopique de la Révolution française, allant jusqu’à vouloir inscrire la culture du pays dans un syncrétisme laïc hybride afro-asiatique et remplacer la république actuelle par un système différent, moins présidentiel et plus décentralisé. Il parie sur le soutien des immigrés et des minorités ethniques face à l’électorat « auto » majoritaire de ses rivaux de droite, dont l’une des principales préoccupations est d’endiguer, si possible, le flux incontrôlable des anciens colonies.
Cependant, en économie, tant la gauche populiste que la droite populiste veulent renforcer le rôle et le pouvoir de l’État et étendre la bureaucratie, mais alors que le Rassemblement national promet de réduire les impôts et de protéger la libre entreprise, Mélenchon jure de faire pression sans merci sur les grands et des sociétés plus riches pour financer ses programmes sociaux ambitieux, qu’il considère comme étant du gaspillage et inabordables. Fait remarquable, son parti a averti que, sans aucune chance de gagner les élections, il utiliserait les manifestations et les grèves de masse habituelles pour combattre le futur gouvernement dans ce qui est en fait la poursuite de la démocratie par d’autres moyens, en dehors des bureaux de vote.
La vieille droite en déclin, revendiquant l’héritage de de Gaulle, est en lambeaux, prise entre un rassemblement national qui a juré de ne pas adhérer avant de nombreuses années (en partie pour des raisons de rivalité avec la famille Le Pen et en partie à cause de tabous fondateurs vieux de plusieurs décennies sur la soi-disant « alt-right » difficile à justifier de manière croissante) et le parti « Pokémon » de Macron, tentant de se rallier autour de l’actuel président. Macron, inquiet du manque d’identité de sa marque « En Marche », qui n’a remporté aucune élection régionale ou locale et n’a d’autre identité que lui, vient d’annoncer son intention de fonder un nouveau parti mais il est difficile d’en prédire le sort d’un autre groupe ad hoc de ce type.
Le chef de l’État au pouvoir souffre d’un déficit chronique de confiance et d’un ressentiment populaire généralisé face à son style de gestion autoritaire et arbitraire pendant la pandémie de COVID et à son soutien franc à une Union européenne toujours plus étroite. Il a également la distinction discutable d’ajouter plus de 600 milliards d’euros à la dette nationale (qui s’élève désormais à environ 120% du PIB) et d’afficher le plus gros déficit du commerce extérieur jamais enregistré (100 milliards par an). Son expérience en tant que banquier d’investissement Rothschild est souvent la preuve qu’il appartient à une oligarchie capitaliste mondiale, déconnectée et indifférente aux gens ordinaires. Les médias ont fait état d’allégations d’évasion fiscale dans des comptes offshore de ses revenus chez Rothschild, une société anglo-française qui rémunère partiellement ses partenaires dans des fiducies anonymes anglo-normandes, et une enquête judiciaire a été ouverte sur des contrats que son gouvernement a attribués à divers groupes de conseil étrangers. , notamment McKinsey – qui ne paie presque pas d’impôts en France – vaut jusqu’à 1 milliard de dollars par an.
Ce qui est particulièrement troublant, c’est que McKenzie a conseillé la première campagne présidentielle de Macron en 2017, apparemment gratuitement parce qu’il avait une longue relation professionnelle avec eux. Ce géant américain a-t-il été récompensé par de gros contrats aux dépens du public pour effectuer un travail habituellement confié à la bureaucratie ?
La France devra choisir le 24 avril entre la coalition présidentielle bipolaire caméléon et l’appel de Le Pen à un gouvernement d’union nationale qui s’est engagé à réunir des éléments de droite et de gauche. Les deux parties prétendent être moins idéologiques que pragmatiques dans leurs tentatives opposées de résoudre les problèmes croissants du pays. Alors que Macron prétend que le salut réside dans l’Union européenne, qu’il veut diriger, le Rassemblement national entend réduire les pouvoirs de la bureaucratie bruxelloise et lui redonner une plus grande autonomie en prenant ses distances avec l’Allemagne autoritaire. Bien que Macron soit encore susceptible de gagner, en partie en raison de la peur généralisée parmi les citoyens d’un nouveau régime non testé et du soutien des élites du pouvoir occidental, le pays va probablement s’aggraver dans les années à venir alors que les crises intérieures et étrangères persistent. C’est de pire en pire.

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Jacinthe Poulin

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